Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La dolce vita
15 juin 2009

cultivé?

super article sur la construction idéologique du jardin et du "cultivé". à consulter sur: http://olharfeliz.typepad.com/jardin/pourquoi_jardiner/
Jardin d’agrément : quel agrément ?

Villa_di_seravezza_giusto_utens (Photo LOF – Giusto Utens : Villa di Seravezza - Florence - La seconde nature est la nature cultivée qui devient insensiblement la nature exclusive des gens cultivés...)

La cohérence de l’évolution de la vision du monde fascine : des micro fissures (des idées idiotes) peuvent se généraliser en fractures structurelles dès lors qu’elles servent des intérêts puissants.
Par exemple, comment l’humanité méditerranéenne, simultanément devient monothéiste, impérialiste, et infuse la culpabilité dans ses gestes quotidiens les plus joyeux … justifiant ainsi l’autocratie.
Comment nait le jardin d’agrément en opposition au jardin de plaisir de l’antiquité : exubérance de fruits, parfums, condiments, légumes, fleurs ?

Villa_di_colle_salvetti_giusto_uten (Photo LOF – Giusto Utens : Villa di Colle Salvetti - Florence - Le jardin doit-il être réservé et caché derrière la maison ? )

Villa_lambrogiana_giusto_utens (Photo LOF – Giusto Utens : Villa l'Ambrogiana - Florence - ou devant la maison bien visible ? )

Ciceron (-106  -43) exprime la différence entre le jardin cultivé et la nature – là où les humains ne cultivent pas – en parlant de « seconde nature ».
Le jardin qui est au centre des maisons antiques (tradition qui se maintient jusqu’à la fin du moyen age ici dans la culture andalouse) est un jardin où on ne distingue pas le beau par opposition à l’utile.
Les dons de la nature y sont indistinctement cultivés pour nos plaisirs.
Il est terriblement ordonné et esthétique, mais on n’oppose pas l’agrément à la nature.
Pourquoi naît entre le 12° et le 15° siècle un jardin déconnecté, purement théâtral ?
Le terme de « troisième nature » est employé par Jacopo Bonfadio (1508 1550) dans ses lettere volgari.
L’idée de paysage idéal est de Pétrarque. (1304 1374)
Boccace  (1313 1375), décrit ce jardin parfait, isolé par des hauts murs de la peste extérieure.
Le jardin d’agrément, est mis en œuvre par un architecte universaliste idéaliste : Alberti (1404 1472) , qui oppose les végétaux des jardins de logis à ceux des métairies des champs qui servent à fruit.
Extension du monde violemment allégorique des villas aristocratiques de ces nouvelles fortunes issues du renouveau économique.
Le jardin d’agrément donne des plaisirs élitistes.

Villa_di_poggio_a_caiano_giusto_ute (Photo LOF – Villa di Poggio a Caiano Giusto Utens - Florence - devant la maison une vaste surface nette, le jardin est un décors )

C’est la suite logique du même ravage platonicien qui fait croire qu’il existe un « autre » monde parfait, pur, etc. 
Pas d’ail ou de choux dans le jardin du maître.
Le jardin « paradis », jardin perfection est un avatar jardinier du platonisme.
Il n’y a d’étonnant que rapidement ce jardin théâtral – la renaissance perfectionne le décor à travers la perspective – se mette clairement au service de pouvoir sous la forme du jardin majestueux du XVII° siècle.
Spécialement en France où l’absolutisme est à son sommet depuis l’empire perse.

Villa_la_magia_giusto_utens (Photo LOF – Giusto Utens Villa la Magia  - Florence - et les oliviers, les salades disparaitrons ... )

Quand on visite une jardinerie, on voit étalées les plantes-produits d’un décor universel du micro jardin d’agrément urbain.
Il singe une opulence imaginaire de la nature sous la forme terrible de bric-à-brac
Bidonvillisation du jardin, image de nos imaginaires zappeurs.
Où sont les plaisirs ?

Villa_di_marignolle_giusto_utens (Photo LOF – Giusto Utens Villa di Marignolle - Florence - pour des arbres rares et décoratifs, des cédrats aux formes étranges ... )

Nous n’avons jamais regretté d’être restés fidèles à l’antique dans les jardins de LOF.
Choisir exclusivement des végétaux qui se mangent, donnent des fruits, des parfums ou travaillent à couper le vent, à faire de l’ombre.
Il en résulte une visite sans cesse coupée de dégustations, on respire les parfums des feuilles pressées, on goûte un fruit, une salade, on cueille une fleur.
Ainsi, tout le monde, même celui qui n’a aucune connaissance des végétaux, y trouve un intérêt.
La visite en est vivante et conviviale, car partager des plaisirs est la forme élémentaire de la rencontre avec nos visiteurs et nos amis... et entre nous.

Villa_della_petraia_giusto_utens (Photo LOF – Giusto Utens Villa della Petraia - Florence - et un décor métaphorique sans gourmandise )

Publicité
Publicité
Commentaires
La dolce vita
Publicité
La dolce vita
Archives
Publicité