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La dolce vita
9 juillet 2007

L'ECONOMIE DE LA FAIM

De l'emploi a vie au contrat de consommation

Kyoto, Naha et Tokyo ont ete des capitales militaires et les fiefs de familles d'empires successifs. Tokyo est la premiere a change, pour la troisieme fois, de gouvernance. Elle a ete le coeur d'un empire deux fois entre coupe par le reigne militaire de la famille des Tokugawa, et la seconde guerre mondiale a promu le pole de Tokyo en centre economique. La fonction de la capitale a ete redefinie et le japon tout entier a bascule dans une acceleration. En  30 ans, le pays pauvre s'industrialise serieusement, s'urbanise et devient un pays riche a la pointe technologique, superieur encore que sous la restauration de Meiji.

Le travail communautaire glisse vers un travail capitalisme. Naissent des libertes, des contraintes, des expiations et des tabous nouveaux. L'oeuvre collective (l'entreprise) et ultra hierarchisee (le modele patriarcal) s'autonomisent alors autour du tabou de l'individuite.

Dans un premier temps, le boom du marche fait exploser la construction immobiliere dans la ville et sa peripherie regionale. On construit des complexes industriels reunissant cantine, logement, activites garantissant toujours l'unification du lieu de vie et du lieu de travail, l'emploi a vie et la promossion professionnelle par age.
Tres vite, ce modele se morcele. Les contrats apparaissent. Les pressions foncieres organisent la dissociation puis la distanciation habitat-entreprise. Cela s'accompagne de l'autonomisation du noyau familial par rapport au centre de travail. Le temps libre autonome se vit de plus en plus a l'ecart de la surveillance des patrons et des collegues. Le fantasme de l'anonymat se repend dans l'habitat citadin.

Le modele patriarcal n'est pas ebranle pour autant. Et la valeur travail comme moteur de la vie social structure toujours les relations. Aujourd'hui encore l'escentiel des liens de communication se passent entre les collegues de travail, pendant les loisirs professionnels, les voyages d'entreprises. Les rencontres sont rythmees et ritualisees par ces evenements ou il faut toujours faire bonne figure et ou il faut savoir faire preuve de strategie pour sa position professionnelle. Les diners et le sport sont deux des contextes privilegies pour les rencontres professionnelles en dehors des bureaux. Ils promeuvent regles, protocole hierarchique et competition. Il serait tres mal vu de battre ses collegues d'un age superieur, un affront de battre son responsable et une insulte de battre son patron. De meme, on arrive a un certain moment du repas selon son rang hierarchique; on ne s'assied pas n'importe ou autour de la table; l'alcool devient une competition: a celui qui boira le plus et qui tiendra le plus gagnera honneur et admiration.

On consomme du temps social, il se planifie sur un agenda, il a son budget, ses cadeaux.

L'indivualite nee dans la competition  reinvestit la valeur du "wa". L'enrichissement personnelle et les projets individualises, y compris dans la famille, sont encourrages dans le discours politique. La societe "wa" n'est plus qu'un protocole conventionnel dans les rapports tokyoites. Il est supplante par celui de "population nationale".  Les chiffres a zero somme chacun du sentiment d'appartenir a une grande nation, qui tire toujours sur le premier rang mondial. La population est categorisee et chiffree pour tout et pour rien.

Le japon n'a jamais fonctionne sur un modele egalitaire et n'y aspire pas. En 2005, le gouvernement fait la promotion ouverte et assumee du mythe de la liberte individuelle accessible a tous.

Mais se pose le probleme de l'acces. De l'acces aux ressources habitables, economiques, alimentaires et aux services. La mise en competition doit encourager les individus a donner le meilleur d'eux memes pour tirer leur epingle du jeu a la place d'autres. Cela met des groupes en competition rendant les limites sociales conflictuelles. Les gens n'ont pas attendus les discours politiques pour vivre sur un mode competitif et flouter les valeurs d'appartenance. En temoignent la multicitude et la generalite des phenomenes dans la vie quotidienne : restaurant automatisee, distributeurs automatiques, fast food et cafes americains, places de trains a rebourg, places au restaurants, places de parkings, acces au potager loacatif, aux etudes superieures etc. Le nombre de places restreintes sont predefines (etudes) ou du au nombre de la pouplation demandante par rapport a l'offre disponible, notammant spatial ou de quantite alimentaire. Cela alimente la creation de nouvelles frustrations elles memes motivant des nouveaux besoins de consommation. La dynamique de consommation opere en effet grace aux manques et aux frustrations que suscite la competition exclusive, vouee par definition a la non satisfaction de la totalite des acteurs.

L'economie en boucle ouverte

Le japon est une ile, cette configuration geographique joue toujours un role dans l'histoire du japon.

Les infrastructures economiques de production et de financement ont evolue de maniere atypique au japon par raport au reste des democraties de marche. Tout en etant officiellement ouverte, l'economie du japon fonctionne en boucle. Il se manifeste par une maitrise et un certain refus des concepts d'abondance et de grande distribution.
L'investissement prive patriotique des entreprises pour defendre la monnaie nationale et la structure familale forte au travail ont permis de garder majoritaires des formes traditionnelles et de les adapter au mode de vie capitaliste.

Les modeles d'economie circulaire ecologique et le capitalisme au visage humain sont des formes liberales vers lesquelles les democraties europeennes et americaines echouent a aspirer. Elles sont operationnelles et fonctionnent dans l'economie japonaise.

En voici quelques applications.

1/ protectionnisme agricole
les petits commerces, les boutiques locales, les petites et moyennes exploitations agricoles sont sauvegardes malgre la contrainte territoriale et notamment le probleme des surfaces cultivables. La production-distribution locale et regionale sont rendues compatibles au principe de chaines: combini, restaurants, superettes grace au protectionnisme agricole mis en place apres la chutte du communisme pour proteger les agriculteurs. Le manque de plannification urbaine aprs guerre a permis au japon de se reconstruire sur el modele agricole d'avant guerre. Ce qui a permis de garder la configuration territoriale mixte entre terres habitables, terres agricoles et lieux de distribution.
Un tourisme regionale saisonnier, tant des producteurs exposants leur specialites que des consommateurs. Les jours de repos sont investis dans ces evenements culinaires, fortement soutenant par l'effet mediatique. Ils sont calquea sur le rythme de la nature et des recoltes circulaires. Depuis toujours le sumo observe les rituels de benedictions des recoltes de riz et du circuit tres reglemnte. Ce tourisme permet la circulation des productions et la thematisation des territoires: Hokkaido pour l'elevage et le lait, Tokyo pour le poisson, les fruits et legumes dans le sud...mais chaque region dispose des terres substantielles a la production de chacune des ressources : montagnes, mer et arriere pays, et du reseau de distribution ferrovier, routier, fluvial ou maritime.

Ce modele se heurte a deux grands problemes:
1-Les ecarts de ressources entre ville capitaliste et campagnes agricoles pousse l'Exode rural. L'inflation urbaine, les taxes d'heritage sur le sol et l'etalement urbain horizontal conduisent a la megalopolisation des regions. Les terres agricoles sont de plus en plus inexistantes en ville, ont disparu de tokyo et elles se rarifient dans sa peripherie jusqu'a 25 km. La diminution des terres habitees substitue le jardin et le potager privatif au parking malgre les initiatives residentielles des potagers communs et des parcelles locatives.
3- La croissance de la population demade une production superieure aux capicites du territoire et pousse le japon a une dependance d'importation avec la nouvelle zelandes, les etats unis, taiwan, le bresil, la russie et les philippines, tant pour les aliments que pour les matieres premieres bois, metal, pieces electroniques, gaz et fuel.
2-
L'essor et le succes des nouveaux complexes commerciaux sur le modele francais et americains par des grands groupes financiers aux capitaux etrangers sont devoreurs d'espaces et poussent au developpement d'infrastructures routieres polluantes et depaysageantes. AEON (aeon, carrefour, diamon city2007...), JUNCO (junco, homepic, olympic), OIOI (    ), Studio ALTA (1998), 109 (     ), LOUIS VUITTON(2003), LA FORET (    ), GUCCI (2005), ZARA (2005), nouveau OIOI (2006), IKEA(2006), HetM (2008). Des zonnes industrielles cahampignonnent dans les campagnes : Narita en est un exemple. Ils sont de plus en plus sollicites par les investissements etrangers et notammant franco-americains pour l'habillement, qui exportent leur propre paradigme du luxe, de la course a la grandeur et a l'abondance par la rarete de la surface.

Ces tendances revelent un boulversement inquietant.

2/economie d'usage et d'acces
On passe d'une economie de possession a une economie d'usage et d'acces. La location d'objets et le recyclage sont pleinement integres et efficaces a la boucle economique japonaise. De l'industriel, au consommateur, de l'objet a l'emploi.

3/temps de travail eleve
La force de travail maintient le pays dans un rythme dynamique malgre la necessite des capitaux americains et une dette nationale qui est l'une de splus elevee au monde.
La recession de la bulle economique met le japon en situation critique. La derniere generation ayant connue la guerre se voit mourrante et la population actuelle est nee dans ce japon confortablement riche et se verrait mal retomber. Les loisirs et le tourisme que suscitent la consommation sont savamment maintenus en vase clos avec une gestion du temps de travail. Le marche et le gouvernement ont tout intere a vendre la valeur  honorifique traditionnelle du travail et  a limiter l'emergence des conges payes et d'une limitation du temps de travail. Memes si dans les autres societes capitalistes elles osnt les forces liberalisatricent de la consommation. Les temps libres courts et rares permettent d'etre compulsivement exutoires et communiels pour la population.  Ayant travailler si fort, s'etant sacrifier tant, le defoulement n'en est qu'aussi important: patchinko, restaurant, alcool, karaoke, mode, tourisme regionale, voyages, consommation de produits japonais, meme si beaucoup sont made in china. La majorite des richesses des japonais sont ainsi reinvestis quotidiennement et reinjecter dans l'economie nationale.

L'ordre social maintenu par la faim.

a suivre...

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